Pour nombre d’entre nous, vivre heureux en couple semble une véritable gageure dans un monde en constante “excitation”. Pour autant, le désir de plaire est devenu un facteur extrinsèque imposé si ce n’est auto-imposé !
On peut imaginer vivre heureux seul ou vivre heureux en couple, l’essentiel n’est-il pas de vivre heureux durablement ?
Vivre heureux seul
Dans notre société de consommation et de communication, peut-on vivre dans le bonheur seul serait-on tenté de se demander. Et bien, la personne seule n’a pas besoin de négocier son emploi du temps, chaque jour, avec autrui. Elle garde ses repères personnels, n’a pas de justification à donner pour telle ou telle chose ou acte et cela évite quelques problèmes si ce n’est de grosses colères.
Bien entendu, vivre heureux seul ou vivre heureux dans la vie, n’empêche pas d’être bien entouré(e). Et probablement, nombre de personnes célibataires se sentent bien moins seuls que beaucoup de couples ! Simplement, le célibataire choisit plus librement son entourage et le rythme de ses rencontres.
Est-ce à dire que pour vivre dans le bonheur, vivre heureux seul est le meilleur moyen ? Et que ce serait donc un pis aller de vivre heureux en couple ?
Vivre heureux en couple
Quel que soit l’âge de la mise en couple, chacun vient avec des repères personnels qui seront immanquablement bouleversés. Le désir amoureux va donc demander certaines concessions, au delà de l’envie de partager. Il est aujourd’hui acquis que, vivre heureux en couple, c’est regarder dans la même direction.
Seulement, dans une direction, il y a deux sens possibles. Il s’agit donc également que le couple regarde du même côté, sous peine de subir un tête à queue ! On peut ainsi raisonnablement se poser la question des ressources et des freins pour vivre heureux en couple.
Parmi les freins possibles, il y a celui de la mixité. A ce sujet, la dernière enquête “trajectoires et origines” (TeO) réalisée conjointement par l’INED et l’INSEE nous donne quelques pistes. En effet, les immigrés arrivés jeunes et qui forment un couple mixte par la suite échappent plus facilement au choc des cultures. Le raisonnement est le même pour les parents immigrés. Pour autant, on peut retrouver des chocs similaires entre milieux sociaux différents ou des vécus préalables traumatisants pour un des membres du couple.
Comment vivre heureux en couple ?
Interrogés, après une cinquantaine d’années de vie commune, sur leur capacité à vivre heureux durablement, un couple d’octogénaires a eu cette réponse intéressante :
Nous ne vivons pas à deux mais à “un plus un” ; et c’est valable pour tout même pour de toutes petites choses en apparence. Par exemple, si nous avons deux pommes à déguster, nous mangeons chacun la moitié de chaque pomme…
Que peut-on conclure de cette parabole ? Chaque membre du couple nouvellement formé, a besoin d’un temps plus ou moins long pour dépasser ses repères personnels. Accepter l’autre dans ses différences est un premier pas avant de chercher à vivre en harmonie.
Ce temps sera d’autant plus court que l’écoute sera constamment présente, comme la communication ; et en mettant aussi de côté une jalousie parfois maladive.
S’écouter pour vivre heureux en couple
Bien écouter l’autre, ses besoins, ses désirs, son point de vue est un premier pas positif pour la survie du couple. Des chercheurs s’entendent à reconnaître qu’un manque notable d’écoute est le fruit d’un caractère individualiste si ce n’est celui d’une certaine suffisance. Mais, est-ce un signe d’amour ?
On peut lier l’écoute à la communication. Si j’ai bien écouté mon conjoint, sans faire de projections de ma personnalité sur la sienne, nous avons toutes les chances de bien communiquer, de méta communiquer. Le dialogue peut alors s’installer qui permet de s’engager dans le même sens… et donner tout son sens au couple.
Le docteur Bernard Geberowicz est psychiatre et thérapeute. Dans un de ses livres consacrés au couple, il donne
son approche de vertus devant aider à cémenter un couple. En dehors de la lecture toujours intéressante de certains ouvrages, bien des possibilités s’offrent au couple s’il a besoin d’aide extérieure pour évoluer positivement.
Le coaching de vie, par exemple, est une approche ayant fait ses preuves et a le mérite d’être limité dans le temps. La thérapie, quand elle ne rend pas le couple dépendant, est intéressante aussi en cas de forte tension notamment due à une jalousie excessive.
Peut-on vivre heureux en étant jaloux ?
Comment ne pas être flatté d’un peu de jalousie de la part de notre conjoint ? Il semble que jalousie est la preuve d’un certain attachement du conjoint jaloux. Toutefois, qu’une jalousie soit ou devienne maladive et les vicissitudes du couple s’amoncèlent.
La forte jalousie est le signe assez manifeste d’un manque d’estime de soi. Même en “jouant” la victime pour l’un, le persécuteur pour l’autre, ce type de couple ne peut persister durablement, a priori, que dans la douleur. Marthe est une femme comme tant d’autres. Elle avait enfin pu sortir du joug d’un mari jaloux et violent après plus de vingt années de vie commune. Ces vingt ans, d’après les dires de Marthe, avaient été un véritable enfer.
Au docteur qui lui demandait pourquoi elle ne s’était pas échappé plus tôt, Marthe eût cette réponse terrifiante :
Il avait besoin de moi
Vivre heureux en couple et durablement
Il est acquis aujourd’hui que partager les mêmes valeurs, se déterminer un objectif de vie, avoir des ébats sexuels et s’entourer de personnes plutôt positives font partie des atouts durables du couple.
La célèbre Docteur Ruth (tout un programme !), de son vrai nom Ruth Wertheimer, a fait partie de ces personnalités qui ont démocratisé, cela veut tout dire, la notion de sexe dans le couple. La grande force de Ruth, à côté de nombre de chercheurs et autres psychologues spécialistes du couple, a été d’appeler les choses par leur nom.
Maintenant, les prophéties ne sont pas toujours auto-réalisatrices. Un journaliste semblait envier le compagnon de Ruth d’être le mari d’une telle femme adulée pour sa capacité à “libérer” le sexe. Tout penaud, son mari répondit par une expression bien française
Les cordonniers sont parfois les plus mal chaussés !
Le couple et l’aide extérieure
En d’autres termes, quels que soient les besoins et les problématiques du couple, la solution ne pourra venir que du couple. Cela peut se comprendre, un couple, c’est une alchimie complexe entre deux êtres devant conjuguer et assimiler trois niveaux de lecture.
On pourrait parler aussi de trois repères. En effet, chacun vient avec son repère personnel, ces deux repères personnels auront pour résultante un repère commun au couple. Cette résultante, par définition, ne pouvant s’avérer égalitaire, chacun aura besoin de beaucoup de tolérance pour permettre de vivre heureux en couple.
Ainsi, coach ou thérapeute, le praticien se doit de laisser beaucoup d’autonomie au couple, quelle que soit la demande de solution toute faite de ce dernier. Au risque sinon de rajouter une complexité supplémentaire aux problématiques du couple.
Quand l’enfant arrive
La communication durable dans le couple demande un certain consensus, pourrait-on dire volontaire. Pour le couple, cette communication égalitaire n’était pas du tout évidente jusqu’en 1985. En effet, il faut se rappeler que c’est seulement cette année là, en France qu’a été légalement supprimé la notion de chef de famille au sein des régimes matrimoniaux ! Cela n’a pas pour autant enlevé sa virilité à l’homme…
Depuis la “libération de la femme” qui a eu lieu en plusieurs étapes, celle ci aspire de plus en plus à un partage plus équilibré autant des tâches éducatives que domestiques dans son couple. Le terme tâches éducatives implique la naissance d’un enfant. Cet événement est un bonheur pour la nombre de couples qui ont cette chance.
Toutefois, la naissance d’un bébé, en modifiant un peu plus les repères du couple, ne peut être pris à la légère quant à la durabilité du couple. Et quand à ses capacités à vivre heureux dans la vie. Car ici, il faut aussi tenir compte
du bien-être de ce troisième type… qui peut être suivi par d’autres.
Des chercheurs anglais ont diagnostiqué que jusqu’à 10 ans de moyenne d’âge, un enfant avait besoin de ses parents auprès de lui afin de se sentir et d’être bien dans sa peau pour toute sa vie. Pour cette raison, l’un des conjoints se sacrifie parfois pour permettre à l’enfant de mieux vivre en harmonie avec ses besoins d’attachement familial.
Couple et carrière
Alors, si la carrière de la femme est mieux lancée que celle de son conjoint, pourquoi l’homme ne se sacrifierait-il pas pour le couple ? Si cette simple question est un sacrilège dans nombre de pays, elle a le mérite d’être posée. Le poids de la culture pèse ainsi beaucoup sur l’estime de soi des membres du couple ; notamment par les injonctions reliés à la notion de “mâle dominant”…
Cela pose la question de la carrière professionnelle versus la vie de couple. Beaucoup de dirigeants et managers refusent de faire l’amalgame entre vie privée et vie professionnelle. Pour autant, on en parle ci-dessus, l’un a indéniablement des conséquences sur l’autre. Plutôt que de se voiler la face, cherchons plutôt à concilier les deux. Concilier vie familiale et carrière professionnelle n’est ni pour le profit de l’entreprise ou de l’organisation, ni pour celui du conjoint concerné.
C’est qui le chef ici ?
Conjuguer vie privée et profession, c’est simplement accepter la caractéristique d’un phénomène de société encore trop négligé. Mieux en tenir compte, c’est faire un pas de plus vers la possibilité de vivre heureux en couple. Mais c’est aussi la possibilité de vivre heureux dans son travail. Chacun de ces deux domaines de vie, alimente alors l’autre du meilleur qu’il puisse lui donner. Et permet de dépasser le mythe de l’unilatéralisme dans les stratégies de vie du couple.
On se rend compte, vivre heureux en couple est une véritable gageure. Notamment pour cette raison, certains d’entre nous ont fait le choix de vivre heureux seuls. Dans les deux cas, le désir de plaire va amener des couples à se former, avec souvent le désir de procréer. Cela demande plus que jamais de dépasser ses repères individuels, de mettre de côté une jalousie excessive.
Cela demande aussi de trouver, avec ou sans aide extérieure, des recettes favorisant le bien-être durable, condition pour bien vivre heureux en couple.
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Daniel PARAISO, pour Even RH, “la performance par l’humain”